Solenne Beck (février 2006)
Le Bonheur - Lexique
- Age d'or : période de parfait bonheur pour l'humanité, que l'on peut situer dans le passé ou dans l'avenir.
A l'origine, le mot ne désignait qu'un passé mythique, une sorte de paradis dont on trouve la première évocation dans Les travaux et les jours d'Hésiode (poète grec, VIII-VIIèmes siècle av. J.C). Le mot est employé aujourd'hui aussi bien pour l'avenir que pour le passé.
- Ataraxie : terme provenant d'un mot grec signifiant "absence de trouble" qui désigne l'état de paix atteint par le philosophe capable de maîtriser ses passions et ses désirs.
Les épicuriens et les stoïciens considéraient l'ataraxie comme un état suprême accessible seulement au philosophe.
- Divertissement : Sens pascalien : Tout ce qui nous détourne de la pensée de notre condition mortelle et de l'idée de Dieu.
Pour Pascal, les multiples activités d'un roi ou l'engouement d'un savant pour un travail de recherche sont à ranger dans le "divertissement" au même titre que la chasse ou le jeu de paume.
- Épicurisme : Sens philosophique : Doctrine philosophique grec d'Épicure (IV-III siècle av. J.C) qui considère que l'homme doit rechercher le plaisir et éviter la douleur.
Sens courant : attitude de celui qui sait apprécier les plaisirs de la vie.
La doctrine d'Épicure a souvent été présentée de façon caricaturale.
Les épicuriens ont même été appelés les "pourceaux Épicure". En fait, Épicure n'avait rien d'un débauché. Il mettait eu premier plan les plaisirs de l'esprit et ceux provenant de la pratique de la vertu. Il distinguait les plaisirs :
- ni naturels ni nécessaires;
- naturels non nécessaires
- naturels et nécessaires
Le sage ne cherche à satisfaire que ces derniers, ce qui faisait dire à Épicure : "Mon corps est saturé de plaisir quand j'ai du pain et de l'eau."
Nous sommes loin, on le voit, de la débauche.
Voltaire était un épicurien au sens philosophique du terme. Il mettait au-dessus de tout les plaisirs de l'esprit.
- Eudémonisme : doctrine qui considère que l'homme doit avant tout chercher son bonheur. Le mot est formé à partir d'un mot grec (eudaimôn = heureux)
- Hédonisme : doctrine qui considère que l'homme doit avant tout rechercher le plaisir. L'hédonisme provocateur de Voltaire choqua dans un siècle encore fortement marqué par la pensée chrétienne.
Le mot est formé à partir du mot grec (hêdonê = plaisir)
- Nirvana : dans la pensée bouddhiste, état de bonheur suprême qui provient d'un anéantissement de la personnalité individuelle et d'une sorte de fusion avec l'univers.
Le bonheur de Rousseau dans une île du lac de Bienne fait parfois penser au nirvana des bouddhistes, mais il s'en distingue cependant. Il n'est pas anéantissement de la conscience, mais, au contraire, conscience aigüe de l'instant présent, intense sentiment d'exister.
- Rousseauisme : attitude se caractérisant par un excès de confiance dans la nature humaine et une tendance à imaginer comme paradisiaque la vie des sociétés "primitives".
- Stoïcisme : Sens philosophique : doctrine d'une école philosophique grecque (fin du IV siècle av. J.C) qui considère que le bonheur suprême tient dans l'effort que fait l'homme pour accéder à la vertu.
Sens courant : attitude courageuse et ferme devant le malheur.
Le fondateur de stoïcisme est Zénon. épictète en est la figure la plus marquante. Ce mouvement eut des continuateurs latins dont les plus célèbres sont Sénèque et Marc Aurèle (respectivement I et II siècle de notre ère).
La devise épictète était "Supporte et abstiens-toi". Tout est indifférent au sage, le plaisir comme la douleur, la santé comme la maladie, la richesse comme la pauvreté. Seul compte l'effort pour accéder à la vertu. Le sage vise à cette absence de passion qu'est l'ataraxie.
Le stoïcisme de Sénèque séduisit tout d'abord Montaigne, mais cette morale de la tension ne correspondait pas à son tempérament.