Conclusion

« Un brouillage généralisé » : c'est ainsi que l'on pourrait, à titre de premier bilan, présenter l'œuvre de Maurice Rollinat, en reprenant à Marc Partouche cette expression, qu'il applique à la nouvelle forme d'humour qui prend naissance dans le Paris littéraire de la fin du siècle. Car ne serait-ce pas, chez Rollinat, un humour qui primerait finalement ?

Il faut retenir de Maurice Rollinat, à l'issue de cette première partie, une double perspective : d'une part la connaissance de cette particulière fin de siècle est nécessaire pour comprendre combien Maurice Rollinat se situe en parfaite harmonie avec les décadents, terme nécessairement vague pour accueillir en son sein tous ces marginaux tout en laissant une existence aux particularités de chacun de ses convives. Car Maurice Rollinat, d'autre part, est particulier, dans cette vie littéraire. Il est différent car il mène une vie double, il n'appartient en fait à personne, à aucun milieu mais à tous en même temps, ce qui n'aide pas à « comprendre » sa poésie.

Autre embûche : sur le plan de l'écriture, nous avons commencé à soulever le problème du masque, et nous devons dès lors nous interroger sur l'hiatus qui existe – ou pas – entre l'homme qu'est Rollinat et le créateur qui s'affiche dans Les Névroses. Nous allons essayer de comprendre pourquoi cette sincérité affichée et distanciée à la fois pose problème chez Rollinat : autrement dit, quelles sont les angoisses qu'il décrit, et comment les écrit-il ? Il est clair que son écriture ne se dirige pas vers une mise en valeur du pathétique. Quelles sont les mesures de mise à distance que cultive le poète ?