Conclusion

Dans son introduction à Dans les brandes, Régis Miannay, écrit :

Rollinat chercha à la suite de Flaubert, semble-t-il, à atteindre un degré de détachement tel qu'il n'aurait pas à souffrir de l'existence. Il voulut, par son art, révéler le contraste entre la logique apparente des faits et le néant auquel ils aboutissent. (Dans les brandes, op. cit., p. 31)

Il nous semble en effet que l'œuvre de Rollinat relève bien de ce détachement, tant d'une tradition littéraire que d'une certaine pensée de la mort. Rollinat élabore son œuvre selon une perspective inverse à celle du romantisme : il se rapproche de la mort et non d'une transcendance...

Léon Bloy, que nous avons déjà cité, base sa lecture chrétienne de l'œuvre de Rollinat sur trois éléments : d'abord, à partir du retrait du monde et de l'éloignement de la jouissance matérielle (après 1883, rappelons-le, Rollinat s'installe dans le Berry et fuit Paris) ; ensuite, à partir de son goût pour le surnaturel, qu'il assimile à une recherche de l'inconnu (similaire à la recherche de Dieu, en tant qu'inconnu). Enfin, il explique sa lecture à partir de l'acceptation de la douleur : considérant avec sérieux les céphalées et diverses angoisses du poète, Bloy met en avant le courage de Rollinat face à ces douleurs – qu'elles soient physiques ou mentales. Certes, il y a là une forme d'acceptation, mais elle ne va pas jusqu'à la résignation. Au contraire, il nous semble que cette acceptation cache – parfois au moins, toujours peut-être ? – un désir profond de railler la perspective de la mort et les diverses instances qui mettent le poète en péril. Au constat d'impuissance face à la mort et l'angoisse, Rollinat répond par le rire.