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Élodie Gaden (août 2012)

Albert Champdor

Les Nuits sublimes

Splendeur des firmaments, splendeur des Cieux immenses!
Gloire à toute la terre et gloire au Créateur!
Nul ne dira jamais où l'infini commence,
Et jusqu'où vont mourir tant de flots de lueurs!

Qui troublera la paix des routes inviolées!
Qui partira, joyeux, vers l'éternel Néant!
Qui prétendra pouvoir, formidable géant
Recueillir des lambeaux de formes étoilées!

La mer qui refléta les grâces de l'Hellade,
Comme une belle Amante aux prunelles de feu,
Dort aux pieds du Liban grave et silencieux
Qui semble interroger les splendides Pléiades...

O, Sphynx éternels riant de nos folies,
Riant de l'Idéal auquel nous nous livrons,
Jetez-nous le secret des terrestres prisons,
Car nous voudrions lire au delà de la Vie...

Les Mondes embrasés par un vaste incendie,
Quand l'heure sonnera, seront-ils tous déserts?
Pourrons-nous contempler, seuls dans tout l'Univers,
Le spectacle infernal de nos sombres Magies ! !

L'Homme qui ne sait rien de ses destins sévères
Au lieu de se haïr, pour dès Dieux inconstants,
Devrait mieux méditer sur le long cours du Temps,
Grand Livre Universel qui contient la-Lumière...

Beyrouth, Septembre 1925

Poème paru dans Le Phœnix, Revue de la Renaissance Orientale dirigée par Valentine de Saint-Point, année 2 (7 mai 1926), n°7, p.46

Fantômes

Ils sont venus ce soir partager ma tristesse,
Eternellement blancs sous le grand ciel d'Amour !
Quand je veux leur parler, ils viennent toujours
Fantômes du passé comprenant mes détresses !

Je vous attendais tous . . . franchissez cette porte,
Venez autour de moi . . . parlons un peu des Morts,
Dites moi ce qu'il font loin des ténébreux ports,
Vers quels déserts s'en vont leurs sublimes cohortes !

Voyez je vous apporte une Ame endolorie !
J'ai voulu la moisson des Bonheurs incertains,
Et j'ai vu dans mon rêve atroce et surhumain
S'asseoir près des cercueils l'ange de la Patrie !

Emportez loin de moi ces visions maudites ! Fuyez o cauchemars rouges comme le sang ! Non, je ne veux plus voir les étoiles dansant Parmi les Soleils morts et les lueurs subites !

Laissez dormir Macbeth dans la paix de son crime!
Venez ! Le désespoir, comme un couteau fatal
S'enfonce dans mon coeur rongé par l'Idéal
Qui demande toujours de nouvelles victimes !

Parlez moi du Néant, pôle des Agonies,
Dites moi que nos chants n'ont que de faux accords,
Et que, demain, dans l'ombre où partiront nos corps
Nos pleurs seront séchés par le feu du Génie !

Beyrouth, septembre 1925.

Poème paru dans Le Phœnix, Revue de la Renaissance Orientale dirigée par Valentine de Saint-Point, année 2 (7 novembre 1926), n°11, p.35