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La mort fait la coquette et prend un ton de reine,
Et son front seulement sous ses cheveux d'ébène,
Comme un charme de plus garde un peu de pâleur.Les émaux les plus vifs scintillent sur les armes,
L'albâtre s'attendrit et fond en blanches larmes;
Le bronze semble avoir perdu sa dureté.Dans leur lit les époux sont arrangés par couples,
Leurs têtes font ployer les coussins doux et souples,
Et leur beauté fleurit dans le marbre sculpté.Ce ne sont que festons, dentelles et couronnes,
Trèfles et pendentifs et groupes de colonnes
Où rit la fantaisie en toute liberté.
[...]
Impuissance et fureur ! Être là, dans sa fosse,
Quand celle qu'on aimait de tout son amour, fausse
Aux beaux serments jurés,
En se raillant de vous, dans d'autres bras répète
Ce qu'elle vous disait, rouge et penchant la tête
Avec des mots sacrés.Et ne pouvoir venir, quelque nuit de décembre,
Pendant qu'elle est au bal, se tapir dans sa chambre,
Et lorsque, de retour,
Rieuse, elle défait au miroir sa toilette,
Dans le cristal profond réfléchir son squelette
Et sa poitrine à jour,Riant affreusement, d'un rire sans gencive,
Marbrer de baisers froids sa gorge convulsive,
Et, tenaillant sa main,
Sa main blanche et rosée avec sa main osseuse,
Faire râler ces mots d'une voix caverneuse
Qui n'a plus rien d'humain :« Femme, vous m'avez fait des promesses sans nombre.
Si vous oubliez, vous, dans ma demeure sombre,
Moi je me ressouviens.
Vous avez dit à l'heure où la mort me vint prendre,
Que vous me suivriez bientôt ; lassé d'attendre,
Pour vous chercher je viens ! »