L´hôtesse reprit donc :
« Il faut convenir que s´il y a de bien méchants hommes, il y a de bien méchantes femmes.
JACQUES : Et qu´il ne faut pas aller loin pour les trouver.
L´HÔTESSE : De quoi vous mêlez-vous ? Je suis femme, il me convient de dire des femmes tout ce qu'il me plaira ; je n´ai que faire de votre approbation.
JACQUES : Mon approbation en vaut bien une autre.
L´HÔTESSE : Vous avez là, monsieur, un valet qui fait l'entendu et qui vous manque. J'ai des valets aussi, mais je voudrais bien qu'ils s'avisassent !...
LE MAITRE : Jacques, taisez-vous, et laissez parler madame. »
L´hôtesse, encouragée par ce propos de maître, se lève, entreprend Jacques, porte ses deux poings sur ses deux côtés, oublie qu'elle tient Nicole, la lâche, et voilà Nicole sur le carreau, froissée et se débattant dans son maillot, aboyant à tue-tête, l'hôtesse mêlant ses cris aux aboiements de Nicole, Jacques mêlant ses éclats de rire aux aboiements de Nicole et aux cris de l'hôtesse, et le maître de Jacques ouvrant sa tabatière, reniflant sa prise de tabac et ne pouvant s´empêcher de rire. Voilà toute l'hôtellerie en tumulte. "Nanon, Nanon, vite, vite, apportez la bouteille à l´eau-de-vie... Ma pauvre Nicole est morte... Démaillotez-la... Que vous êtes gauche !Extrait p.156 de l'édition Livre de Poche par Pierre Chartier
Jacques et le Maître sont dans une auberge. L'hôtesse s'apprête à leur raconter l'histoire de Mme de la Pommeraye et du marquis, lequel a maltraité la chienne de l'hôtesse, Nicole. Ils en viennent à évoquer la qualité des valets et des femmes.
L'extrait se construit en deux temps : d'abord, la querelle entre Jacques et l'hôtesse, puis une mise en scène burlesque avec la chute de Nicole.
la théâtralité au service d'une réflexion sur le fatalisme