Voici quelques citations classées de manière thématiques : il s'agit soit de citation courtes tirées de l'Education Sentimentale, soit de citations de critiques, ou d'autres auteurs.
- Il songeait au bonheur de vivre avec elle, de la tutoyer, de lui passer la main dans les bandeaux... (L'E.S., à propos de Frédéric)
- incapable d'action (L'E.S.,à propos de Frédéric)
- V. Jankélévitch : L'ironie dégonfle les exagérations ridicules.
- Laissez-moi tranquille avec votre hideuse réalité! (...) Les uns voient noir, d'autres bleu, la multitude voit bête. (L'E.S., Pellerin)
- fouiller le vrai (Flaubert)
- Il peint la vie comme elle est dans la plupart des cas c'est-à-dire médiocre. (George Sand)
- G. Lukacs, Théorie du Roman : Les morceaux de réel restent simplement juxtaposés dans leur dureté, leur incohérence, leur isolement.
- Par la force de ses rêves, il l'avait posée en dehors des conditions humaines. (L'E.S. p.273)
- Il resta chez lui, maudissant Deslauriers, car il voulait tenir sa parole, et cependant, obliger Arnoux. (L'E.S.)
- Le réel perçu par Flaubert puis retranscrit : J-P Richard, à propos de Flaubert : Sans cesse il s'emplit d'images, d'anecdotes, se garnit de savoir.
- Un flot de sang lui monta au visage (L'E.S., à propos de Frédéric)
- Comme un architecte qui fait le plan d'un palais, il arrangea, d'avance sa vie. (L'E.S., p.177)
- L'avenir est gros. (L'E.S., p.194)
- Pierre Louis Rey: La passivité de Frédéric Moreau doit être mise au compte de l'évolution d'une société sur laquelle l'individu a de moins en moins prise, ou du regard de dérision que Flaubert jette sur le monde.
- Victor Brombert : un éros moderne atrophié
- Ainsi les jours s'écoulaient dans la répétition des mêmes ennuis et des habitudes contractées. (L'E.S., p.75)
- Un soir, au théâtre du Palais Royal, il aperçut dans une loge d'avant-scène, Arnoux près d'une femme. Etait-ce elle ? (L'E.S.)
- Il était prodigieusement vieilli. (...) Frédéric, devant cette décadence, fut pris de tristesse. (L'E.S.)
- Nous nous serons bien aimés (L'E.S., p.618)
Le futur antérieur marque, dans ce récit au passé le fait que le temps se referme, un temps sans avenir. Un peu plus loin, en voyant les cheveux blancs de Mme Arnoux :
- La lampe, posée sur une console, éclaira ses cheveux blancs. Ce fut comme un heurt en pleine poitrine. (L'E.S., p.619)
- Michel Raymond : le roman d'un temps désemparé : les hommes ont cessé de déterminer l'Histoire, ils sont marqués par elle.
- il se sentait tout délabré, anéanti, n'ayant plus conscience de rien que d'une extrême fatigue. (L'E.S.)
- Pierre-Louis Rey : Roman de l'inaction parce que la société a retiré à l'individu toutes ses possibilités d'exercer une prise sur le monde et que l'amour lui-même n'est qu'une illusion, l'Education Sentimentale au contraire consacre la victoire du temps sur le héros.
- Proust : il sait donner avec maîtrise l'impression du temps. A mon avis la chose la plus belle de l'Education Sentimentale, ce n'est pas une phrase mais un blanc.
- Son vieux rêve : un journal où il pourrait s'étaler, se venger, cracher sa bile et ses idées. Fortune et réputation, d'ailleurs, s'ensuivraient. (L'E.S.)
- Mais il n'existait au monde qu'un seul endroit pour les faire valoir: Paris! Car, dans ses idées, l'art, la science et l'amour dépendaient exclusivement de la capitale. (L'E.S., p.165)
Marthe robert, dans En Haine du roman (1982) explique que L'Education Sentimentale de Flaubert est un retournement complet du roman de formation pour plusieurs raisons :
Michel Raimond, explique quant à lui dans Le Roman (1989) que les héros de roman de la première moitié du XIXe siècle sont des figures de conquérants, qui sont bercés par l'illusion et le désir. Au contraire, le héros flaubertien est un héros résigné, prostré, marqué par la désillusion.
Le roman apparaît ainsi comme la lente désagrégation d'une vie : un émiettement de la vie en une poussière de menues circonstances. "Il ne se passe rien, c'est la vie qui passe." Frédéric n'est pas taillé pour la conquête, c'est un personnage veule, selon Michel Raimond.
- Flaubert lui-même dans sa correspondance : Quand une fois on a baisé un cadavre au front, il vous en reste toujours un arrière-goût de néant que rien n'efface.
- Victor Brombert, à propos de la dernière page : L'illusion poétique qui s'accroche au non-réalisé.
- Victor Brombert : une épopée de la désillusion, le mode décéptif de l'échec généralisé.
- je veux faire l'histoire morale de ma génération.
- G. Sand : C'est à nous de conclure et de nous demander si notre époque est effectivement médiocre, ridicule et condamnée à l'éternel avortement de ses aspirations.
- "le bourgoisophobus" (Flaubert)
- G. Lukacs, dans Théorie du Roman : La vie de Frédéric Moreau est tout aussi inconsistante que le monde qui l'entoure.
- Pierre Marc de Biasi : Flaubert croit au pouvoir de la littérature sur les consciences, à la manière de Goethe : la vertu de l'esprit n'est pas d'enseigner aux autres ce qu'ils doivent penser, mais d'éveiller leur faculté de juger.
- Wetherill : La seule vraie cohérence est alors celle du texte lui-même. C'est cette primauté formelle qui fait de l'ES un grand roman moderne.
- Flaubert : Je regarde comme très secondaire le détail technique, le renseignement local, (...) Je recherche par dessus tout la beauté, dont mes compagnons sont médiocrement en quête.
- M. Raimond : on assiste à la lente désagrégation d'une vie. La succession des scènes rend sensible l'émiettement de la vie en une poussière de menues circonstances. Le roman de Flaubert donne l'impression de ce qui se passe dans la vie, où il ne se passe rien, où c'est la vie qui passe.
- Gide : une épopée du dégoût
- Malraux : premier romancier français à éprouver l'absurdité de la condition humaine.
- Flaubert : le seul moyen de ne pas être malheureux, c'est de t'enfermer dans l'art.
- Malraux : L'art est un anti-destin.
- Marthe Robert : C'est parce qu'il ne peut pas s'accommoder de l'ici-bas que Gustave Flaubert demande très tôt à la littérature de lui ouvrir les portes d'un au-delà sans limites.
- Idéal : tout à fait inutile.
- Époque : (la nôtre) tonner contre elle. Se plaindre de ce qu'elle n'est pas poétique : L'appeler époque de transition, de décadence.